Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/84

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Elle ôta la broche, et tandis qu’on apprêtait la table, sur laquelle Gillot posa trois bouteilles de vin qu’il avait apportées, Tiennette continua à chanter :

Courûmes de telle roideur
Pour voir notre doux rédempteur
Et créateur
Et formateur !
Il avait (Dieu le saiche)
De linceux assez grand besoin.
Il gisait dans la crèche
Sur un bouleau de foin.
Point ne laissâmes de gaudir ;
Je lui donnai une brebis
Au petit fils ;
Une mauvis ;
Lui donna Péronnette,
Margot lui a donné du lait.
Tout plein une écuellette
Couverte d’un volet.

— La belle table ! s’écria Gillot.

Les deux chandelles mettaient des taches claires sur la nappe bise où reposaient les couverts. Quelques gobelets d’étain accrochaient les éclats rouges du foyer. Au milieu l’oie se prélassait, juteuse, dorée ou rousse, tendant ses cuisses croustillantes sur un plat de faïence brune à fond jaune.

— Si nous allumions une troisième chandelle ? demanda Jasmin.

— Cela porte malheur ! s’écria la mère Buguet.

— Asseyons-nous, conclut Gillot.