Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/89

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Ce fut Étiennette qui la veille des Roys vint pétrir la galette. Elle n’épargna ni le beurre, ni les œufs ; après avoir aminci la pâte, qui devint fine comme un linge sous le rouleau de buis, elle la replia quatre fois sur elle-même et la laissa passer la nuit ainsi pour qu’elle fût feuilletée et légère.

Le lendemain dès l’aube elle acheva sa besogne. Elle fit de la pâte une grande lune, qu’elle guillocha avec symétrie après y avoir introduit la plus belle des fèves.

Pendant ce temps Jasmin chauffait le four avec des fagots qui pétillèrent comme un rire dans la grande bouche ouverte. La Buguet voulut enfourner elle-même la galette, ainsi qu’une rouelle de veau.

Étiennette mit quatre couverts sur la nappe bise, dont elle avait respecté les plis. Jasmin apporta un bouquet d’ellébores.

— L’heure avance, fit remarquer Tiennette, et la cuisine commence à sentir bon ! Martine ne tardera pas à venir.

— Je vais au-devant d’elle ! dit Buguet.

— Ne baguenaude pas en route !

Le jardinier n’avait pas fait cent pas qu’il aperçut une charrette bâchée de vert-pomme. Il la reconnut pour celle de Nicole Sansonnet. Elle arrivait cahin-caha. Buguet pressa le pas. Il vit que le bidet, cinglé de coups de fouet, allait plus vite.