Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/95

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Après avoir scruté du regard chaque feuillet sans rien découvrir, les convives mordirent dans la galette. Martine poussa un petit cri joyeux : elle était reine !

Majestueusement, avec un geste à la d’Étioles, elle laissa tomber la fève dans le verre de Jasmin.

Alors, changeant sa voix, elle lui dit avec une œillade :

— Sire ! Soyez le plus heureux des rois !

Elle se pencha, attendit un baiser.

Jasmin crut voir s’incliner vers lui comme un reflet de Mme d’Étioles. Cela avait été, un peu, la même voix, c’était le même geste, peut-être le même regard. Il trembla et donna à Martine un baiser si étrangement ému qu’il confirma tous les soupçons de la soubrette et que, tout en la forçant à frémir de joie, il lui fit mal au fond du cœur.

La Buguet versa du vin dans tous les verres. Jasmin but le premier. Les femmes crièrent par trois fois :

— Le roi boit !

Alors l’amoureux se leva et de toutes ses forces embrassa la reine. Cette fois elle rayonna de bonheur.

— Le roi m’offrira-t-il la main pour le tour du jardin ? demanda Martine continuant la comédie.

Jasmin la prit par la taille, qu’elle avait menue (elle se serrait davantage ! ) et la baisa à la volée (