Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/94

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crois qu’il baillerait bien sa bonne terre de Brie pour acheter tout ce qui lui en reste !

Les yeux de Tiennette brillaient :

— Martine, quand j’aurai l’âge tu me feras entrer chez Mme d’Étioles ? J’en ai assez de ramer des pois !

— C’est cela, bougonna la Buguet. Petite ambitieuse !

Tiennette tint bon :

— Peut-on pas rester aussi honnête au service des grands qu’à la queue des vaches ! Regardez la fille de Règneauciel ! La v’là enceinte ! Et il paraît que ça lui est arrivé en plein champ, quand elle fanait le foin ! Tandis que toi, Martine, es-tu pas une honnête fille ?

La mère Buguet disparut. Elle rentra, portant la galette dorée à l’œuf qui brillait comme un écu sortant de la fonderie :

— Allons, Tiennette, fourre-toi sous la table et dis à qui la première part !

Tiennette se baissa, mit un pan de la nappe sur sa tête et susurra selon la coutume :

— Tibi, domine !

— Pour qui ? demanda la Buguet.

— Pour Martine !

Le jeu recommença jusqu’à ce que chacun eût sa part de gâteau.

— Nous voilà tous servis, dit la Buguet.