question suivante : Si mon père n’était pas mort, qu’aurais-tu fait dans l’assemblée du dème ? Te serais-tu opposé à ce que mon père te fît inscrire sous le nom de Bœotos ? Mais ne serait-ce pas une inconséquence que d’intenter une action pour obtenir une chose, et de s’opposer ensuite à ce que cette chose se fasse ? Et pourtant, si tu l’eusses laissé faire, il t’aurait fait inscrire au dème sous le même nom qu’à la phratrie. Eh bien, j’en atteste la terre et les dieux, il est infâme de dire hautement « je suis fils d’un tel » et d’oser attaquer les actes faits par cet homme de son vivant.
Il y a encore un fait qu’il a osé effrontément affirmer devant l’arbitre : c’est que notre père à tous deux a célébré son dixième jour comme le mien, et lui a donné le nom dont il s’agit ; et il a produit pour témoins des gens qui n’ont jamais été vus dans la société de notre père. Mais nul de vous n’ignore, ce me semble, qu’on ne célèbre jamais le dixième jour d’un enfant si l’on ne croit pas en être le père légitime, et, d’autre part, qu’après avoir célébré le dixième jour, après avoir donné à un enfant l’affection qu’on porte à un fils, on ne se permet pas de le désavouer. Était-il survenu à Mantias une querelle avec la mère de ces deux hommes ? Ce n’était pas une raison pour les prendre en aversion s’il les croyait nés de lui. C’est le contraire qui arrive le plus souvent dans les différends entre homme et femme. On se rapproche à cause des enfants, bien plus qu’on ne comprend les enfants communs dans le ressentiment que l’on éprouve l’un contre l’autre. Au surplus, ce signe n’est pas le seul auquel vous reconnaîtrez qu’il ment s’il tient un pareil langage. Avant qu’il ait prétendu être de notre sang, il se rendait à la tribu Hippothoontide pour prendre part aux chœurs d’enfants(27). Paraîtra-t-il croyable à un seul