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Le préfet d’Ille-et-Vilaine, en composant le nouveau Conseil, n’eut garde d’oublier sur sa liste, un des notables habitants de Rennes, son ancien maire à l’époque néfaste de la Terreur, Leperdit dont le nom est resté constamment populaire dans cette ville qui lui a récemment érigé une statue sur la place du Champ-Jacquet. Elle a voulu honorer, en la personne de ce fils du peuple, le courage civique qui sait braver une mort sans gloire par dévouement pour l’humanité, et perpétuer le souvenir de l’acte héroïque qu’il sut modestement accomplir.

D’après une tradition, vieille de plus d’un siècle, et qui vaut aujourd’hui l’histoire, Leperdit, membre du Conseil Général de la commune, refusa, en septembre 1793, de livrer à Carrier, qui la réclamait, la liste d’habitants de Rennes chez lesquels devaient s’opérer des visites domiciliaires, en vertu d’instructions du ministre Gohier qui avait prescrit, à la suite de la prise de Toulon par les Anglais, de rechercher les étrangers suspects sur tout le territoire de la République.

Remettre cette liste à Carrier, c’était dénoncer les Rennais qui s’y trouvaient inscrits, provoquer leur arrestation, amener leur condamnation, les vouer presque sûrement à la mort.

Mais aussi, résister au fougueux représentant, c’était s’attirer sa colère, s’exposer à monter soi-même sur l’échafaud.