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Leperdit n’hésita pas ; il risqua sa tête et sauva ses concitoyens.

Voilà le fait dépouillé de la dramatique mise en scène, dont un romancier s’est plu à l’entourer et à l’embellir[1].

Ce ne sont point les écrits dirigés contre la mémoire du vieux républicain qui pourront détruire ce simple récit que ne contredisent pas les documents de nos archives publiques et que consacre la tradition. Ce n’est pas surtout, ainsi qu’on l’a prétendu, parce qu’un écrivain, un jour, attribua par erreur à Leperdit la qualité de maire, au moment où il osait tenir tête à Carrier, alors qu’il n’était encore que membre du Conseil Général de la commune, que son acte de dévouement doit devenir un mythe et sa générosité, une légende qu’il importe d’effacer. Il faut, en outre, reconnaître que durant cette période sanglante pendant laquelle il porta l’écharpe, souvent contrecarré par les Comités du Salut public et les représentants en mission, il sut empêcher bien du mal, or empêcher le mal, c’est déjà faire du bien.

Mais nous pouvons d’autant mieux croire la tradition qu’il nous reste un témoignage authentique de l’estime qu’avaient pour lui ses contemporains. Lorsqu’en 1802 se créa la Légion d’Honneur, le Conseil municipal

  1. Emile Souvestre. Revue des deux Mondes, juillet 1838.