l’intérêt que suscita le congrès panrusse des Cosaques, ouvert à Pétrograd au commencement de juin.
Le congrès, tenant compte de la situation compliquée des Cosaques, paya à la révolution son tribut de sympathies, exalta l’autorité suprême de l’état et s’occupa de ses intérêts particuliers — la question de la propriété terrienne, question essentielle, dominait tout ! Il fit ses politesses au Soviet tout en condamnant avec fermeté le programme des bolcheviks.
Et pourtant l’impression définitive manqua de netteté : les espérances des uns persistèrent, les craintes des autres ne furent pas dissipées.
À la même époque, la démocratie révolutionnaire prenait l’initiative d’une campagne énergique en vue de l’abandon des privilèges et de la dissolution des organisations cosaques. Cette idée n’eut aucun succès. Au contraire, ils marquèrent une tendance de plus en plus vive à suivre leurs traditions particularistes et à faire de leurs organisations militaires un tout compact. On créa partout des gouvernements cosaques, des atamans furent élus par le peuple, des organes représentatifs s’établirent (« cercles, « conseils ») dont les compétences s’étendaient à mesure que diminuaient l’autorité et la puissance du Gouvernement Provisoire. On vit à la tête des troupes des hommes de grande valeur : Kalédine (Don), Doutov (Orenbourg), Karaoulov (territoire du Térek).
Dès lors, dans les territoires cosaques s’établit un triple pouvoir : l’ataman et ses ministres, les commissaires du Gouvernement Provisoire et le Soviet des députés ouvriers.
D’ailleurs l’autorité des commissaires s’émoussa après une défense qui dura peu et qui échoua — ils s’effacèrent bientôt. Plus sérieuse fut la lutte des Cosaques contre les Soviets locaux, contre les comités qui s’appuyaient sur une soldatesque en révolte. Les dépôts, les formations de l’arrière avaient envahi le territoire et c’était un vrai fléau qui terrorisait la population, qui répandait l’anarchie par les villes et les villages ; on volait, on pillait, on s’emparait des terres et des industries, au mépris de toute justice, de toute autorité. La vie était devenue intenable. Et les Cosaques n’avaient aucun moyen de combattre cette peste : toutes les troupes étaient sur le front. En automne 1917 cependant le général Kalédine put concentrer — de connivence avec le G.Q.G. — une, puis trois divisions avec lesquelles il s’efforça de rétablir l’ordre sur le Don. Il occupa militairement les croisements de voies ferrées, les mines les plus importantes, tous les points par où s’opéraient le ravitaillement et la liaison avec le front et le pouvoir central. Toutes ces mesures étaient entravées par la résistance acharnée des Soviets qui voyaient partout la contre-révolution. Le Gouvernement Provisoire lui-même se méfiait quelque peu de ces troupes. Et c’est alors pourtant que ceux du Kouban et du