Page:Denikine - La décomposition de l'armée et du pouvoir, 1922.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Gotz : Juif. Guendelman : Juif. Rosenfeld : Juif. Saakian : Arménien. Kruszinski : Polonais. Nikolski : Russe (à moins que ce ne soit un nom d’emprunt).

Cette prépondérance exclusive des éléments allogènes, étrangers à l’idée nationale russe, ne pouvait rester sans influence sur l’orientation des Soviets dans un sens funeste pour l’État russe.

Le gouvernement, dès ses premiers pas, se trouva prisonnier du Soviet dont il exagérait l’importance, l’influence et la force, et auquel il ne pouvait opposer, pour sa part, ni force, ni volonté ferme de résistance et de lutte. Le gouvernement ne comptait pas sur le succès d’une telle lutte, car, en défendant la conception de l’État Russe, il ne pouvait proclamer des mots d’ordre aussi séduisants pour la mer houleuse des masses populaires que ceux lancés par le Soviet. Le gouvernement insistait sur les devoirs ; le Soviet, sur les droits. Celui-là « interdisait », celui-ci « autorisait ». Le gouvernement était lié à l’ancien pouvoir par la continuité de l’idéologie étatiste, de l’organisation, voire des formes extérieures de l’administration ; tandis que le Soviet, issu de l’émeute et de la conspiration, était la négation directe de l’ordre ancien tout entier.

Si une petite partie de la démocratie modérée demeure encore convaincue du rôle du Soviet en tant que « régulateur des éléments déchaînés du peuple », ceci n’est que le résultat d’un malentendu manifeste.

En réalité, sans détruire directement l’État Russe, le Soviet l’ébranlait sans cesse et l’ébranla jusqu’à l’effondrement de l’armée et l’avènement du bolchevisme.

De là viennent la duplicité et le manque de sincérité, dans la tendance de ses actes.

En plus de leurs déclarations publiques, toute l’action quotidienne du Soviet et du Comité Exécutif, tous les discours, entretiens, explications, manifestations orales et écrites de la réunion plénière, des groupements et des membres isolés envoyés en mission à travers le pays et sur le front, tout tendait à détruire l’autorité du gouvernement. « Involontairement, mais continuellement, dit Stankevitch, le Soviet portait des coups mortels au gouvernement ».

Il est intéressant de relever qui étaient ceux qui orientaient la législation militaire dans un sens de démocratisation, brisant toutes les assises de l’armée, inspirant la commission de Polivanov et paralysant les deux ministres de la guerre. Les personnes