Page:Denikine - La décomposition de l'armée et du pouvoir, 1922.djvu/100

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élues au Comité Exécutif, au commencement d’avril, par la partie militaire du Soviet, se répartissaient comme suit ([1]) :

Officiers de temps de guerre : 1 Officiers d’administration : 2 Élèves officiers : 2 Soldats : Des unités de l’arrière : 9 Auxiliaires et secrétaires de bureau : 5

Je laisse la parole à Stankevitch pour les dépeindre : « Au début, il y eut des natures hystériques, bruyantes, déséquilibrées qui, en fin de compte, ne donnaient rien au Comité… » Ensuite d’autres viennent « avec Zavadia et Binassik en tête. Ceux-ci cherchèrent consciencieusement, autant que c’était dans leurs moyens, à venir à bout de l’avalanche d’affaires militaires. Tous les deux étaient, je crois, de paisibles secrétaires dans les bataillons de dépôt et ne s’étaient jamais intéressés ni à la guerre, ni à l’armée, ni à la révolution politique ».

La duplicité et le manque de sincérité du Soviet se manifestaient surtout dans la question de la guerre. Les intellectuels de gauche et la démocratie révolutionnaire partageaient pour la plupart les idées zimmerwaldiennes et internationalistes. Il est donc naturel que la première parole que le Soviet ait adressée « aux peuples du monde entier » (le 14 mars 1917) fût :

— La paix !

Cependant, les problèmes de portée mondiale, infiniment complexes, englobant les intérêts nationaux, politiques et économiques des peuples qui avaient les idées les plus contradictoires sur la justice universelle et primordiale, ces problèmes ne pouvaient être résolus par un procédé aussi simpliste. Bethmann-Hollweg répondit par un silence dédaigneux. Le Reichstag, dans sa séance du 17 mars 1917, repoussa, à l’unanimité moins les voix des deux fractions social-démocrates, la proposition de conclure la paix sans annexions. La démocratie allemande déclara par la bouche de Noske : « On nous propose de l’étranger de faire la révolution ; si nous suivions ce conseil, ce serait un malheur pour les classes travailleuses ». Parmi les Alliés et la démocratie alliée, le manifeste du Soviet ne suscita que malaise, anxiété et mécontentement, ce qui apparut d’une façon particulièrement lumineuse dans les discours d’Albert Thomas, de Henderson, de Vandervelde et jusque dans celui du bolchevik français d’aujourd’hui, Cachin.

À la suite, le Soviet ajouta au mot « paix » une nouvelle définition : « sans annexions ni contributions, à base du droit de

  1. Avant il y avait dans le Comité trois officiers de temps de guerre et plusieurs soldats.