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et en déceptions. L’égoïsme bien compris serait la suprême sagesse ; l’existence perdrait toute grandeur, toute dignité. Les plus nobles facultés, les plus généreuses tendances de l’esprit humain finiraient par se flétrir, par s’éteindre entièrement.

La négation de la vie future supprime aussi toute sanction morale. Avec elle, qu’ils soient bons ou mauvais, criminels ou sublimes, tous les actes aboutissent aux mêmes résultats. Il n’est pas de compensation aux existences misérables, à l’obscurité, à l’oppression, à la douleur ; il n’est plus de consolation dans l’épreuve, plus d’espérance pour les affligés. Aucune différence n’attend, dans l’avenir, l’égoïste qui a vécu pour lui seul et souvent aux dépens de ses semblables, et le martyr ou l’apôtre qui aura souffert, succombé en combattant pour l’émancipation et le progrès de la race humaine. La même ombre leur servira de linceul.

Si tout finit à la mort, l’être n’a donc aucune raison de se contraindre, de com-