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élevant par la pensée au-dessus des horizons de la vie, en faisant abstraction du temps et du lieu, en planant en quelque sorte au-dessus des détails de l’existence, que nous apercevrons la vérité.

Par un effort de volonté, abandonnons un instant la Terre, gravissons ces hauteurs imposantes. De leur sommet se déroulera pour nous l’immense panorama des âges sans nombre et des espaces sans limites. De même que le soldat, perdu dans la mêlée, ne voit que confusion autour de lui, tandis que le général, dont le regard embrasse toutes les péripéties de la bataille, en suppute et en prévoit les résultats ; de même que le voyageur, égaré dans les replis du terrain peut, en gravissant la montagne, les voir se fondre en un plan grandiose ; ainsi l’âme humaine, de ces cimes où elle plane, loin des bruits de la terre, loin des bas-fonds obscurs, découvre l’harmonie universelle. Ce qui d’en bas lui paraissait contradictoire, inexplicable et injuste, vu d’en haut, se relie, s’éclaire ; les sinuosités du