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DITHYRAMBE.

D’Angoulême s’avance ; il mesure des yeux
Ces créneaux formidables,
Où des bras redoutables
Ont marié le fer à la foudre des cieux.

Ainsi qu’un pin sublime appelle la tempête
Sur son front rayonnant du givre du matin,
Ainsi son blanc panache, ondoyant sur sa tête,
Est en butte aux fureurs de cent foudres d’airain.
« Français, s’écria-t-il d’une voix tendre et fière,
» Si le ciel sous ces murs me ravit la lumière,
» Qu’il va m’être à la fois et glorieux et doux
» De tomber dans vos bras, de mourir près de vous ! »
Ces mots ont des Français multiplié les âmes ;
Tous, à travers le sang, les flots, le fer, les flammes (6),
Des Etna souterrains ont franchi le courroux.
 
Ici leurs mains sanglantes
S’attachent aux remparts ;
Là les portes tremblantes
Tombent de toutes parts ;
La hache impitoyable
Brise les ponts croulans ;
Leur ruine effroyable
Couvre les combattans :
Des rocs, des casques vides,
Des corps percés de coups,
Comblent les flots avides,