était devant notre pavillon, un lieu enchanté. La rivière nous paraissait couverte d’Amours qui se jouaient dans les flots. Jamais les forêts de Gnide n’ont été si peuplées d’Amants que nous en peuplions l’autre rive. Il n’y avait pour nous dans la Nature que des couples heureux, et il n’y en avait point de plus heureux que nous. Nous aurions défié Psyché et l’Amour. J’étais aussi jeune que lui ; elle me paraissait aussi charmante qu’elle. Plus abandonnée, elle me sembla plus ravissante encore. Chaque moment me livrait une beauté. Le flambeau de l’Amour me l’éclairait pour les yeux de l’âme, et le plus sûr des sens confirmait mon bonheur. Quand la crainte est bannie, les caresses cherchent les caresses. Elles se confondent plus tendrement : on ne veut plus qu’une faveur
Page:Denon - Point de lendemain.djvu/49
Apparence