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Page:Depre - Jacques le bûcheron, 1873.djvu/13

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Mais quand il vit ce corps qu’il avait tant chéri,
Sans mouvement, sans force étendu devant lui ;
Quand il vit cet oeil fixe et terne, ce visage
Dont la souffrance avait rendu l’aspect sauvage ;
Quand il vit devant lui ce corps inanimé,
Tout son ressentiment qu’il avait comprimé
Éclata. Tout à coup il hurla : « Misérable ! »
Et bondit sur le chef d’un élan formidable. —
Mais son choc se brisa, car il avait compté
Sans les soldats : soudain il se vit garrotté,
Et sentit le canon d’un fusil sur sa tempe.


C’était un homme brave, en somme, à forte trempe ;
Pourtant, en entendant cette heure-là sonner,
Il ne put empêcher son coeur de frissonner :
Car il lui semblait dur de mourir sans vengeance.
Il se recommanda donc à la Providence. —
Ce jour-là, l’officier était de bonne humeur.
Il lui vint un sourire aimable et protecteur ;
Il dit :
« Mettez cet homme en liberté, sur l’heure ! »
Et, sondant chaque coin de la pauvre demeure,
Finit par prendre à l’âtre un gros tison fumant