Page:Depre - Jacques le bûcheron, 1873.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L'officier l'écoutait, ricanant bêtement ;
Et, quand l'autre eut fini, le ton plein de menaces :
« Crois-tu donc m'émouvoir à force de grimaces,
« Bonhomme ! Laisse-moi passer ! »
Puis il entra,
Arriva près du lit de la malade, et, là,
Lui saisissant le bras d'une étreinte brutale,
Lui cria : « Hors d'ici, la vieille ! » —
Dans la salle
Il se fie un silence, et l'on vit tout à coup
Se dresser la mourante. Elle allongea le cou
Avec l'expression d'une terreur croissante,
Essuya son front mat de sa main frémissante,
Et regarda, les yeux agrandis par la peur.
Ensuite elle porta les deux mains à son cœur,
Et, labourant son sein et sa poitrine nue
Cria :
« Les Prussiens !… Oh !… la France vaincue ! »
Alors, tordant ses bras crispés fiévreusement,
Elle rendit son âme en un sourd râlement.


Jacques était demeuré pendant son agonie
Comme cloué d'horreur devant cette infamie.