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de figuiers, d’orangers et de plantes aromatiques, et protégé par d’épaisses forêts de marronniers contre la bise du nord ou les trop vives ardeurs du soleil[1] ». Les moines, prévenus depuis longtemps des intentions de l’empereur, avaient construit pour son usage un pavillon spécial, meublé avec un luxe royal.

Charles-Quint, devenu l’hôte du couvent, suivait exactement les offices religieux, mais n’observait en rien les règles de la vie monastique. Passionné pour la mécanique, il fabriquait des horloges et réglait les pendules du couvent, plaisantant sur la difficulté qu’éprouvait à les faire marcher d’accord, celui qui si longtemps avait présidé aux destinées du monde. Parfois il admettait de grands personnages à l’entretenir des affaires politiques, surtout de celles des Pays-Bas.

Il conçut, dit-on, dans ses derniers jours, l’idée bizarre d’assister à ses propres funérailles. « Dans la chapelle tendue de noir, à la lueur funèbre des cierges, on dressa son catafalque. Tout autour pleuraient ses serviteurs en deuil ; le prêtre récitait l’office des morts au milieu des larmes de l’assistance ; et Charles, enveloppé d’un grand manteau, vint contempler cette douleur fictive. »

Le 21 septembre 1558, l’empereur sentit venir l’heure suprême ; il s’assit sur son lit, disant : « Voici le moment ! » Un instant plus tard, Charles-Quint n’était plus.

Le 25 septembre 1555. Charles-Quint céda, solennellement à son fils, la souveraineté des Pays-Bas.

En 1556, il lui légua l’Espagne et transmit la couronne d’Allemagne à son frère Ferdinand.

Ce prince illustre alla finir dans le repos du cloître une vie si prodigieusement tourmentée ; il se retira au couvent de Yuste, solitude pittoresque et paisible de l’Estramadure et y mourut en 1558.

  1. Hymans.