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l’un des premiers, le grand principe moderne de la tolérance religieuse.

Philippe II, ayant ainsi réglé les affaires des Pays-Bas, s’embarqua pour l’Espagne en 1559.

§ 3. — Marguerite de Parme (1559-1567).


1. Troubles. — Le gouvernement de cette princesse fut tout d’abord troublé par les violences des soldats espagnols qui occupaient nos forteresses. Ils soulevèrent des plaintes si vives que la gouvernante les renvoya en Espagne, en 1561, malgré l’avis de Grauvelle.

D’un autre côté, le pape avait, à la demande du roi, créé treize évêchés nouveaux dans les Pays-Bas, en 1559. Cette mesure fut mat accueillie : le peuple crut y voir un acheminement vers l’Inquisition espagnole. Le mécontentement fut porté à son comble par l’élévation de Granvelle à la dignité d’archevêque de Malines, et bientôt de cardinal. Les revenus considérables dont ce prélat jouit alors lui permirent d’étaler une magnificence qui excita la jalousie de la noblesse. Et dans le conseil d’État, il s’arrogea un pouvoir exorbitant. Le prince d’Orange et les comtes d’Egmont et de Hornes s’en plaignirent par écrit à Philippe II : n’obtenant pas satisfaction ils se retirèrent au conseil. Mais le vaniteux ministre finit par porter ombrage à la gouvernante elle-même, qui sollicita le rappel du cardinal. Celui-ci quitta les Pays-Bas en 1554.

Pendant ce temps, le nombre des réformés croissait d’une façon inquiétante. Les supplices commençaient à provoquer du tumulte dans les villes. Les dissidents essayaient de s’opposer par la force à la mort de leurs frères. L’exécution stricte des placards eût fait couler des flots de sang. Aussi la gouvernante indécise envoya d’Egmont en Espagne, pour solliciter du roi quelques adoucissements aux édits (1565). Le roi fit grand accueil au glorieux général et le berça de fallacieuses promesses. Mais dès le mois d’octobre, il envoyait à la princesse de Parme les fameuses dépêches de Ségovie, qui ordonnaient le maintien rigoureux des édits. « Nous allons voir une belle tragédie ! » dit le prince d’Orange.

2. Compromis des Nobles. — Alors Marnix de Sainte-Aldegonde rédigea le célèbre Compromis des Nobles, auquel adhérèrent bientôt 2.000 gentilhommes. Les con-