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à coups de hache ; les ornements des prêtres, les hosties et les vases sacrés furent profanés.

Ce vandalisme des iconoclastes excita une indignation générale. La plupart des signataires du Compromis étaient sincèrement catholiques. Ils se rangèrent autour de la gouvernante, et l’aidèrent à réprimer rigoureusement ces désordres. D’Egmont, en Flandre, fut le plus ardent à sévir. Quand la nouvelle de ces déplorables excès parvint à Philippe II, il s’écria : « Par l’âme de mon père, ces crimes leur coûteront cher ! » Aussitôt il envoya au duc d’Albe, en Italie, l’ordre de se rendre avec une armée dans les Pays-Bas. À l’approche de cet homme redouté, la terreur se répandit partout : cent mille Belges s’expatrièrent. Le prince d’Orange se retira en Allemagne. D’Egmont refusa de l’y suivre : le noble comte avait la conscience en repos ; son exil d’ailleurs eût ruiné sa nombreuse famille. Les deux amis se virent pour la dernière fois à Willebroeck : « Adieu, prince sans terre, » dit d’Egmont au moment de la séparation. — « Adieu, comte sans tête, » répondit le prince.

1. Troubles. — Le gouvernement de Marguerite de Parme fut une longue suite de troubles, provoqués par les violences des soldats espagnols, que la princesse dut renvoyer en 1561 : par la création de treize nouveaux évêchés, et par la rigueur extrême qui fut déployée contre les réformés.

2. Compromis des nobles (1585). — D’Egmont ayant fait sans succès un voyage en Espagne pour obtenir du roi l’adoucissement des placards, Philippe de Marnix rédigea le célèbre Compromis des nobles, qui fut bientôt signé par 2.000 gentilshommes. Ils prenaient l’engagement solennel de s’opposer, par leur fortune et leur épée, à l’introduction de l’Inquisition espagnole. Au mois d’avril 1566, trois cents d’entre eux, réunis à Bruxelles, remirent à la gouvernante une requête demandant la suspension des édits contre les réformés. Ils reçurent à cette occasion le nom de gueux, qu’ils portèrent depuis avec fierté.