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arrivèrent, des renforts et trois cents volontaires accoururent de Liège sous la conduite d’un jeune avocat, nommé Charles Rogier. Les Liégeois portaient le képi et la blouse bleue liserée de rouge, qui devint bientôt l’uniforme de tous les volontaires.

Cependant, le prince d’Orange, très populaire en Belgique, recourut d’abord à la conciliation, il entra dans Bruxelles avec six officiers, se rendit à l’hôtel de ville au milieu d’une foule silencieuse, parfois hostile, et, après avoir écouté les plaintes des Belges, il promit d’intercéder auprès de son père. Mais cette chevaleresque intervention n’eut aucun succès auprès du roi.

2. Journées de septembre. — Le prince Frédéric, frère du prince d’Orange, prit alors ses mesures pour s’emparer de Bruxelles. Il attaqua la ville par trois points, le 23 septembre, à cinq heures du matin. Les Hollandais furent repoussés à la porte de Laeken et à celle de Louvain, car du haut des fenêtres, les habitants faisaient tomber sur eux une grêle de pierres et même des ustensiles et des meubles. Plus heureux à la porte de Schaerbeek, ils détruisirent les barricades à coups de canon, et dès neuf heures et demie ils étaient maîtres du parc et des alentours. Mais là s’arrêtèrent leurs succès, et bientôt même leur situation devint critique. Des maisons voisines, transformées en forteresses, les balles pleuvaient par les fenêtres. Les Hollandais s’abritèrent dans les bas-fonds du parc. Ils y furent harcelés sans trêve par les volontaires pendant les journées du 23, du 24, du 25 et du 26 septembre. Le 26, le combat fut meurtrier et se prolongea jusqu’à deux heures du matin. Le dimanche 27, quand les volontaires se disposaient à rouvrir le feu, ils trouvèrent le parc désert : les Hollandais avaient profité de la nuit pour s’esquiver.

3. Expulsion des Hollandais. — Cependant le pays entier avait pris les armes : toutes les villes, arborant les couleurs nationales, avaient chassé les étrangers, qui se replièrent vers le nord. Les volontaires se mirent à leur poursuite. Ils emportèrent d’assaut le pont de Waelhem, où tomba Jenneval, l’auteur de la Brabançonne ; ils furent vainqueurs à Berchem, où périt l’héroïque Frédéric de Mérode. Le 27 octobre, ils entraient dans la ville d’Anvers, et une suspension d’armes fut conclue avec les Hollandais, maîtres encore de la citadelle et de l’arsenal. Malheureusement, quelques volontaires, apercevant