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Page:Deprez - Petit cours d'histoire de Belgique, 1916.djvu/24

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Souvent on voyait ces pieux donateurs, dédaignant les honneurs et les richesses, venir achever leurs jours dans l’humble et paisible retraite qu’ils avaient fondée. À l’origine de la plupart de ces monastères se rattachent de légendes pleines de poésie. — Au ixe siècle, la Belgique du nord, à son tour, se couvrit d’importants monastères.

3. Influence des monastères.a) Les monastères furent les vrais propagateurs de la civilisation chrétienne. Certes, nos ancêtres avaient donné leur adhésion à la foi nouvelle. Mais, chrétiens par le baptême, ils restaient païens de cœur et d’esprit. Les uns partageaient leurs hommages entre le vrai Dieu et leurs anciennes divinités ; ils allaient en secret offrir des sacrifices devant les dolmens[1], au pied des arbres, au bord des fontaines ; d’autres conservaient une foule de pratiques superstitieuses. — À côté de ces vestiges vivaces de l’idolâtrie, les plus détestables passions du barbare avaient gardé toute leur fougue : c’étaient les mêmes aspirations sanguinaires qu’autrefois, le même désir farouche de la vengeance, joint au mépris du travail, au goût du pillage, à l’amour des jouissances matérielles. Les moines luttèrent opiniâtrement contre les superstitions et les vices ; ils prêchèrent surtout par l’exemple, car les monastères voyaient briller les plus pures vertus : le travail y était en honneur ; on s’y contentait de repas simples dont la viande était bannie ; on y pratiquait la charité, secourant les pauvres, soignant les malades et les lépreux.

b) Les moines fécondèrent les immenses terres incultes qu’on leur avait concédées. La règle de saint Benoît, qui, à partir du viiie siècle, fut observée dans tous les monastères de l’occident, imposait aux religieux sept heures de travail corporel par jour : ils se livraient donc à la pratique des arts manuels, mais surtout à la culture des champs. Ils étaient aidés dans leur pénible tâche par les paysans, depuis longtemps réduits en servage, qui habitaient autour du monastère ; forêts, bruyères et marécages, faisaient place à des campagnes fertiles, à des prairies verdoyantes. On trouvait tout

  1. Dolmen : grande pierre plate posée horizontalement sur deux pierres plus petites, et servant d’autel pour les sacrifices druidiques.