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Page:Derème - La Verdure dorée, nouv. éd.djvu/18

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VIII
préface

ou les troènes. Ainsi le vieil Ovide, quoi qu’il tentât d’écrire, c’était un vers…

Ô printemps, jeunesse de l’année ! Ô jeunesse, printemps de la vie ! Célèbre tour d’équilibre, et la jeunesse n’est qu’un flot mouvant et vivace de verdure, que dorent maintenant le souvenir et la mélancolie.

Mais, cette couleur dorée, agréable aux regards et pourtant au cœur douloureuse, n’est-ce pas simplement, comme au feuillage du platane et du peuplier, la marque de l’automne, quand l’air aigre des matinées commence à dépouiller les roses rouges de septembre ?

D’un autre point de vue, la chair de la poésie, nos joies, nos peines, nos désirs, nos rêveries, nos tristesses, ne sont-elles pas chose vivante et bruissante, comme la verdure des vergers et des bois ? Mais n’est-ce pas seulement par l’artifice du poète, qui, sur certaines feuilles, appuie son pinceau doré, qu’il leur est permis de prendre une figure qui, parfois, ne passe point ?

Ainsi, la matière donnée, l’art est tout choix et industrie dans l’assemblage des éléments choisis, habileté dans l’emploi des lumières diverses dont le poète se plaît à éclairer son domaine. De la sorte, loin qu’il se laisse noyer aux sentiments, il les évalue, les domine, les juge et les canalise.

Le poète, dès lors, en vient à chanter des passions qui sont les siennes, certes, mais que sa raison,