Aller au contenu

Page:Derème - La Verdure dorée, nouv. éd.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
la verdure dorée

CXXIV


Bien que les fleurs, Amour, dont hier tu te plus
À couronner mon front, tu ne les cueilles plus ;
Bien qu’il neige, bien que les roses soient tombées
Où mes rêves dormaient comme des scarabées,
Et que pour moi se voile un visage immortel,
Ne pense pas que dans cette chambre d’hôtel
Que baigne ma tristesse avec le crépuscule,
Je te consacre une harangue ridicule
Et vaine, qu’insultant les dieux et le destin
Et déclamant jusqu’aux lumières du matin
Je secoue à ton front la menace et l’ortie
Tant que, les bras pendants, la tête appesantie
Et comme un vert bandeau la couronne sur l’œil,
Tu t’endormes dans mes discours et ce fauteuil
Jaune et fané ; ni que, poète et locataire,
Les gouffres et les monts, la mer verte et la terre
Habitée et les bois et les fruits et le foin
Et la neige et l’azur, je les prenne à témoin
De ma misère et du supplice que j’endure,
Qui passeront comme l’amour et la verdure,
D’ailleurs, ou la colère et les glaïeuls et les
Plaintes des rossignols et le jaune des blés