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la verdure dorée

CXXVII

À Paul Martignon.


À cheval sur mon bouc barbu
J’ai cueilli des roses dorées
Et mes chèvres noires ont bu
À des rivières ignorées.

J’ai vu sur les marais fumants
Le vent gonfler comme des voiles
Les ailes vastes des flamants
Qui s’envolaient vers les étoiles ;

J’ai vu, loin des jardins publics
Où s’endorment des paons moroses,
Sur les pointes des porcs-épics
Au printemps éclore des roses ;

Et dans le monde merveilleux
J’ai poursuivi mes promenades,
Mais aujourd’hui j’ai le cœur vieux
Et fendu comme les grenades.

Je rapporte pour tout butin
Des feuilles sèches dans ma poche ;
Et j’interroge mon destin
Sur le bouc noir que je chevauche.