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la verdure dorée



Ah ! pourquoi donc ai-je quitté
Les coteaux bleus dans la lumière
Et les feuillages de l’été
Qui remuaient dans la rivière ?

Mes yeux sont las, mon arc rompu.
Où est cette aurore fleurie ?
Couché dans l’herbe, j’aurais pu
Rêver une si douce vie :

Laisser mûrir mes abricots,
Apprivoiser des escargots,

Bourrer ma pipe au frais champêtre,
En regardant les ânes paître,

Au torrent pêcher les goujons
Et les grenouilles dans les joncs,

Mener mes vaches à la foire,
À l’auberge, chanter et boire,

Cueillir les œufs au poulailler,
Lire des stances et bâiller,

Et sous mes troènes de Tarbe,
Loin des déserts et loin des flots,
Piquer des roses dans ma barbe…
Allons, tais-toi, cœur à sanglots,