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la verdure dorée

IV

À Michel Puy.


Que mes poèmes soient étranges
Et qu’on les raille et leur auteur,
Cela m’est peu, car les louanges
Ne sont pas chères à mon cœur,

Hors celles de quelques poètes
Au cœur fervent, au regard pur,
Et qui nagent, blanches mouettes,
Dans les ténèbres et l’azur.

Ma vie en silence s’écoule,
C’est pour peu d’hommes que j’écris,
Car si je chantais pour la foule.
Je pousserais bien d’autres cris.

De deux poings défiant les astres,
Je clamerais à grand fracas
Et ferais crouler les pilastres
Et les balustres sur mes pas.

Ou plaignant ma longue misère,
En des tumultes mesurés,
D’une voix qu’on dirait sincère,
Apollon, je t’invoquerais.