Page:Deraismes - A bon chat bon rat.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

OCTAVE.

Ce serait celle d’un homme qui, jugeant plus froidement les choses, serait au moins susceptible d’impartialité.

ANTOINETTE.

Allons, soyez franc, et joignez-vous à ce personnage de l’Écriture qui prétend que sur mille hommes il en trouvait un, et sur toutes les femmes pas une.

OCTAVE.

Je suis moins rigoureux que ce philosophe.

ANTOINETTE.

Vous voilà bien. Une semblable boutade, tout imprégnée de dépit et d’impuissance, constitue, suivant vous, la philosophie. D’ailleurs, retenez donc bien qu’on ne devient philosophe que lorsqu’on ne peut plus être autre chose.

OCTAVE.

Appelez cela boutade, si vous voulez. Mais il est des boutades qui datent de l’origine du monde, elles en ont fait le tour, et elles prennent alors toute l’importance d’une vérité.

ANTOINETTE.

Eh, mon Dieu ! monsieur, quand une erreur a pour véhicules la vanité et la mauvaise foi des hommes, quel chemin ne peut-elle pas faire, et quand et comment peut-on le détruire ?

OCTAVE.

Mais je ne prétends pas accabler les femmes, bien au contraire, je suis prêt à constater en elles la présence de grandes qualités.

ANTOINETTE.

Oh ! une bonne fois, il faudrait s’éclairer sur cette question. Vous autres, hommes, vous ne manquez jamais de vous débarrasser à notre profit de quelques vertus subalternes dont la présence amoindrirait l’état de votre force et de votre su-