Page:Deraismes - A bon chat bon rat.djvu/45

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sans bornes, toutes les impressions de ma jeunesse ont fait vibrer mon cœur.

ANTOINETTE.

Mais où voulez-vous en venir ? Vous êtes un homme positif ; vous n’êtes venu que pour manger du poisson frais et vous me faites des phrases.

OCTAVE

Madame !

ANTOINETTE.

Céderiez-vous par hasard à l’influence de votre habit ?

OCTAVE

Pourquoi pas à celle de votre robe ?

ANTOINETTE.

En ce cas, permettez-moi d’emprunter le mot de Sedaine en y apportant toutefois une légère modification : Ah ! ma robe, que je vous remercie !

OCTAVE

Votre robe, mon habit, n’ont aucune influence sur mon esprit, croyez-le bien.

ANTOINETTE.

Ah ! sotte que je suis ! n’aurais-je pas dû deviner plus tôt. Vous venez d’aspirer à larges bouffées les émanations phosphorescentes. Ah ! elles vous étaient nécessaires, et je ne suis plus surprise, puisque c’est le phosphore qui agit. Ah ! c’est admirable ! Quelle action immédiate !

OCTAVE

Mais, de grâce ! laissez-moi me justifier !

ANTOINETTE.

Prenez garde, prenez garde, ne vous approchez pas ainsi de la muraille ; au premier frôlement vous prendriez feu.

OCTAVE

M’accordez-vous la parole, madame ?