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dans l’humanité

inconnues du grand problème de l’Univers. Il est même probable qu’il en est qu’elle ne dégagera jamais. Mais c’est elle, souvenons-nous-en, qui nous a débarrassés de l’erreur. Elle a droit à notre reconnaissance.

D’ailleurs, quelles sont ces fameuses solutions qu’on va chercher dans les doctrines ? Hélas ! elles ne sont que les conclusions, les conséquences erronées de prémisses radicalement fausses. Ceux qui s’en contentent ne sont vraiment pas difficiles.

Oui, l’enfant a droit à la vérité : elle doit être sa suprême pâture morale. Nous ne devons lui affirmer que ce dont nous sommes sûrs : agir autrement est déloyal. Alors, grâce à cette éducation, l’amélioration ne sera plus seulement dans les choses, mais dans les hommes, dans les femmes, et, conséquemment, dans la société tout entière.

Il faut, pour arriver à ce résultat, que chacun se persuade qu’à n’importe quel âge l’être humain ne peut être à la disposition du bon plaisir et de l’arbitraire ; que l’enfant, corps et esprit, ne saurait être un objet de possession, de propriété et d’exploitation ; que le rôle des parents consiste à aider à son éclosion physique et à édifier sa conscience sur des principes moraux, certains, indiscutables, ratifiés par l’expérience, la science et la raison ; à cultiver, en un mot, sa volonté, la diriger dans le sens de la vérité et de la justice.

C’est en revisant le Code et en substituant à la puissance paternelle la protection, qu’on parviendra à modifier l’état des esprits. Tous comprendront que dans l’enfant est l’individu de l’avenir. Comme il est incapable, au début de la vie, d’affirmer ses droits et de les défendre, il revient à la famille et à la société de les reconnaître. C’est donc à quoi nous devons travailler