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ève.

L’amour libre est une fiction ; et pour peu qu’on l’observe, c’est la pire des chaînes. Ce qui ressort le plus dans l’amour libre, c’est l’annihilation de la famille ; car la liberté de l’amour n’admettant ni contrainte, ni engagement, ni contrat, l’individu, à la recherche de sa seule satisfaction, glisse de plus en plus sur la pente de l’égoïsme.

De plus, comme nous l’avons fait déjà remarquer, les exigences des sens se multiplient par la culture à outrance. La volonté qui n’a jamais réagi contre la tentation s’annule de plus en plus.

Alors l’espèce humaine, ne cédant qu’aux sollicitations de la chair, descend au dernier degré de la mollesse et de la dégénérescence, la bestialité l’emporte ; c’en est fait du progrès et du perfectionnement de l’humanité !

C’est que de toutes les passions, celle-ci a le plus d’empire ; et si elle ne s’associe pas à de nobles sentiments, à un idéal élevé, elle tombe au-dessous de toutes les autres. L’ambition, la cupidité excitent au moins l’énergie chez ceux qui en sont possédés. Les nations parvenues au maximum de l’éclosion intellectuelle se sont effondrées misérablement en tombant dans la dissolution la plus profonde. Dissolution qui est la conséquence de la violation d’une loi naturelle. En somme, la vertu, les bonnes mœurs, ne sont autre chose que la justice établie dans les rapports de l’homme et de la femme.