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Page:Deraismes - Eve dans l humanite - Les Droits de l enfant.pdf/66

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dans l’humanité

vidus, n’a pour but que de les garantir par des engagements d’honneur et des contrats liant leurs intérêts contre leurs propres entraînements.

Sans doute, Fourier a élaboré le plan d’une société qui comporte l’indépendance des relations sexuelles ; il l’appelait la phalange. Mais ce plan étant resté à l’état de projet, nous ne pouvons, faute d’expérience, juger de sa valeur.

Et d’abord, l’amour est-il libre ? Y a-t-il de la liberté en amour ?

Est-on libre, après serment, de rompre un lien sans grief réel ?

La liberté de rompre qu’on prend oblige-t-elle le conjoint à accepter cette rupture sans récrimination et sans résistance ? Non. C’est là qu’est la profonde erreur de Fourier. Le désir de rompre est rarement partagé par les deux conjoints.

Si la loyauté de la parole, si la grande idée du devoir ne comptent pour rien ; si les fantaisies des sens règnent en souveraines et sont telles que ceux qui en sont la proie ne puissent répondre de tenir le lendemain ce qu’ils ont promis la veille, c’en est fait de l’ordre social. Et qu’on ne me parle pas de liberté. Car l’individu sans souci de la conscience et de la raison, tombe dans le pire des esclavages.

La liberté est nulle dès que la passion est maîtresse.

La série d’aventures tragiques que déroule devant nous l’amour libre dans ses nombreuses applications, n’est pas faite pour nous convaincre de l’entière indépendance de ceux qui en sont victimes.

Dans les liaisons les plus fortuites et les plus éphémères, ne se produit-il pas souvent, d’une et d’autre part, des attachements spontanés que la séparation exaspère et qui se dénouent par le meurtre et l’assassinat ?