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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/139

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CÉLINE, tremblante.

Moi, monsieur, je ne cache rien. (À part) Ô mon Dieu ! comme il me regarde !

LE PRÉSIDENT.

Alors, pourquoi avez-vous fait un mouvement à mon entrée ? D’où vous vient cette émotion ?

CÉLINE, de plus en plus interdite.

Je vous jure, monsieur…

LE PRÉSIDENT, impérieusement.

Ne jurez pas, vous mentez, vous teniez dans vos mains une lettre ; donnez-la-moi.

CÉLINE.

Mais, monsieur, elle m’est adressée.

LE PRÉSIDENT.

Qu’importe ! j’ai chez moi le droit de surveillance. (Il s’approche de Céline, qui recule.)

CÉLINE.

Monsieur, je vous en supplie…

LE PRÉSIDENT.

Vous m’avez entendu, je n’aime pas les scènes.

CÉLINE.

Monsieur, vous n’avez pas le droit de lire mes lettres.

LE PRÉSIDENT.

Je ne veux pas d’intrigues dans ma maison, et, si vous êtes libre de vous perdre, je suis libre de vous chasser.

CÉLINE, éperdue.

Eh bien, oui, monsieur, j’ai reçu une lettre, parce que, voyez-vous, je dois me marier, et…

LE PRÉSIDENT.

Vous êtes jeune et vous manquez d’aplomb. Cette lettre n’est pas à vous.