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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/150

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LE PRÉSIDENT, hors de lui.

Misérable ! vous m’insultez de nouveau !

ORTHEZ.

Mais non, monsieur ; je ne cherche point à me justifier ni à amoindrir mes torts ; j’en ai, et je vous jure que je ferai tout ce qu’il sera en mon pouvoir pour les réparer.

LE PRÉSIDENT, plein de mépris.

Oh ! je ne savais que trop que la réparation ne se ferait pas attendre ; n’était-ce pas le but de votre infâme projet ?

ORTHEZ.

Un projet !

LE PRÉSIDENT.

Mais que s’est-il donc passé ? Comment avez-vous pu vous trouver seul avec ma fille ? N’est-ce pas à l’aide d’un complot infernal que… ?

ORTHEZ, vivement

Ah ! monsieur, cette supposition est odieuse ; dans quel intérêt… ?

LE PRÉSIDENT.

Dans quel intérêt ?… mais celui de vous approprier deux millions de dot ; et comme vous saviez bien que mon nom ne se fût jamais accolé au vôtre, vous avez eu recours à un piége.

ORTHEZ, dignement.

Mesurez vos paroles, monsieur ; du reste, un seul mot fera tomber vos étranges suppositions : par réparation, je n’ai pas entendu mariage ; je n’épouse pas, moi.

LE PRÉSIDENT.

Ah ! c’est en vain que vous voulez vous soustraire à cette horrible accusation, vous n’y parviendrez pas. Le prestige de votre génie, de votre réputation ne m’éblouit pas, moi ; à mes yeux, une statue réussie ne paye pas pour toute une vie de débauches et de dissipations ; l’or qui ruisselle de vos mains n’est