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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/149

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Scène III.


LE PRÉSIDENT, ORTHEZ

Le président est entré par la serre. Il fait quelques pas et s’arrête ; il semble faire des efforts pour se maîtriser ; il s’avance enfin jusqu’à Orthez. Orthez, qui s’est retourné, l’aperçoit et se lève aussitôt.

ORTHEZ.

Monsieur de Marsille !

(Le président le regarde fixement.)
LE PRÉSIDENT.

J’ai voulu moi-même vous remettre cette lettre. (Il la présente à Orthez, qui veut s’en emparer ; il le retient d’un geste terrible.) Lisez, monsieur, lisez. (Il se fait un instant de silence ; Orthez regarde la lettre et demeure atterré. — Moment de silence) Ne trouvez-vous pas qu’il me faut une grande puissance sur moi-même pour ne pas vous brûler la cervelle ?

ORTHEZ.

Il est permis d’hésiter, monsieur, avant d’assassiner les gens.

LE PRÉSIDENT.

N’avez-vous pas assassiné mon honneur ? Il n’y aurait là qu’une légitime vengeance, alors.

ORTHEZ.

Calmez-vous, monsieur, je vous supplie, et veuillez m’écouter.

LE PRÉSIDENT, avec mépris.

L’écouter ! (Se croisant les bras) Voyons, qu’aura-t-il à répondre, celui qui a osé porter la honte dans ma famille ; soutiendra-t-il mon regard, supportera-t-il ma présence, quelque grande que soit son audace ?

ORTHEZ., froidement.

Monsieur, ces formes oratoires sont inutiles, il n’y a ici que des statues ; parlez plus simplement, je vous prie.