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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/156

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Scène IV.


les mêmes, RENÉE, se précipitant entre eux.
LE PRÉSIDENT.

Ma fille !

ORTHEZ.

Renée ! Elle était là !

RENÉE.

Et de quel droit tueriez-vous cet homme ? Quel est celui de vous deux qui dépasse l’autre ; le mépris dont je dois l’accabler ne rejaillira-t-il pas sur vous ? Vous lui reprochez le présent ; ne peut-il pas vous reprocher le passé ? (Elle saisit le bras de son père.) Parlez-moi donc de ma mère ; vous aussi, avez-vous eu pitié de ses larmes, de son désespoir, ne nous avez-vous pas abandonnées toutes deux ; le poison n’a-t-il pas terminé ses souffrances ?

LE PRÉSIDENT.

Grand Dieu ! elle sait tout !

RENÉE.

Ah ! vous croyez l’avoir ensevelie dans l’oubli ; mais la morte s’est relevée pour demander vengeance ; ma mère a souffert, je souffre ; vous l’avez tuée, il me tue ; c’est justice. Et pour tant, hier encore, je vous vénérais ; le souvenir de cette femme à qui je devais le jour s’effaçait dans mon cœur devant ma tendresse pour vous, cette femme, qui la méritait tout entière, car elle avait sacrifié sa vie pour sauver la mienne. Oui, nous étions nées toutes deux pour la douleur.

LE PRÉSIDENT.

Par pitié !

(Orthez le retient.)