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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/323

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et la résignation est la vertu des pusillanimes. Oh ! si Honoré pouvait ressentir une heure seulement toutes mes angoisses, ne serait-ce pas la meilleure et la plus efficace leçon donnée à mon mari. Oui, voilà une idée que je ferai bien de saisir. Aurais-je seulement le calme nécessaire pour l’exécuter. Cette lettre m’apprend qu’un rendez-vous doit avoir lieu chez moi, en mon absence, je dois faire une promenade à l’instigation de mon mari. Quel moyen emploiera-t-il pour m’engager à sortir. Ce fait seul est de la dernière impudence. Ah ! mon Dieu ! c’est lui, du courage et soyons maîtresse de nous-même.




Scène II.


HONORÉ, ELISE


HONORÉ.

Bonjour, ma chère Élise. (Il lui serre la main.) Oh ! mon Dieu ! comme vous êtes pâle.

ÉLISE, prenant un air distrait.

Moi ! c’est bien possible, les roses ne pâlissent-elles pas quelquefois ?

HONORÉ.

Oui ! quand elles passent ; mais les boutons ont toujours la vivacité de leur coloris. Or, chère, comme vous n’êtes pas encore la rose épanouie, cette altération passagère de votre teint me fait craindre pour votre santé.

ÉLISE, le remerciant de la main.

Pauvre Honoré, toujours rempli de sollicitude ! (À part) Quelle hypocrisie !