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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/324

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HONORÉ, à part.

Je n’ai que juste le temps de la décider, elle est à mille lieues de la vérité, la pauvre femme. (Haut) En vérité, ma chère, vous avez une manière de vivre qui me désespère : votre hygiène est tout bonnement déplorable.

ÉLISE.

Vraiment ! est-ce qu’à mon insu vous feriez quelques études médicales ? Je me suis toujours doutée que vos fréquentes absences devaient avoir un but scientifique.

HONORÉ, fronçant le sourcil.

Sous forme de raillerie, m’adressez-vous un reproche et avez-vous la prétention de m’imposer la vie cloîtrée ?

ÉLISE, affectant la bonhomie.

Ah ! comme vous vous méprenez sur le sens de mes paroles, chacun doit vivre à sa fantaisie. Sortez et ne rentrez que lorsque l’envie vous en prendra, je serai la dernière à m’en apercevoir.

HONORÉ.

Voici, certes, une large permission de laquelle je n’abuserai pas, croyez-le bien. Mais, pour en revenir à ce que je vous disais tout à l’heure, je me permettrai de vous faire observer que la vie que vous menez depuis deux ans vous est très-nuisible, physiquement parlant. Tenez, par exemple, nous sommes au printemps. Eh bien ! il faudrait sortir chaque jour, ne serait-ce qu’une heure ou deux. L’air, ma chère, mais c’est la vie ; on étouffe réellement chez vous.

ÉLISE.

Eh bien, ouvrez la fenêtre, qui vous en empêche ?

HONORÉ.

Mais cela ne suffit pas. (Ouvrant la croisée.) Regardez donc ce beau soleil, c’est un sacrilége de rester chez soi, c’est mépriser les bienfaits de la nature.