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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/331

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HONORÉ.

Non, ce n’est pas possible, tout ce que vous me dites, vous ne le pensez pas, Élise.

ÉLISE.

À quel jeu croyez-vous donc que je joue et quelle comédienne pensez-vous que je sois ?

HONORÉ, furieux.

Mais alors, madame, c’est horrible, et ma modération ne serait plus qu’une lâche complaisance. Vous en aimez un autre.

ÉLISE, simplement.

Mais sans doute ; je vous ai dit tout à l’heure que mon histoire était la vôtre.

HONORÉ, exaspéré.

Eh ! non, madame, elle n’est pas la mienne, car je vous ai dit que je vous aimais, moi.

ÉLISE.

Ce n’est pas une raison pour que cela soit.

HONORÉ.

Vous en aimez un autre ; mais, madame, votre confidence a quelque chose de monstrueux.

ÉLISE.

Mais, mon Dieu ! je trouve plus monstrueux d’aimer deux femmes de la même façon ; c’est ce que vous venez de me dire.

HONORÉ.

Mais il y a une énorme différence entre vous et moi.

ÉLISE.

J’en tiens compte, car vous êtes coupable de fait, et j’ai la générosité de vous mettre à mon niveau ; mais je considérerais comme une injustice d’accuser l’individu des erreurs, des préjugés d’une société dans laquelle il est né et dont il doit subir inévitablement l’autorité. Voyez, je ne puis pas ap-