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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/368

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ÉLISE.

Mais je pense que cette ressource serait puissante, si elle contenait une vérité. Enfin, en admettant la justesse de vos soupçons.

HONORÉ.

Quelle audace !

ÉLISE.

Veuillez m’écouter. Où seraient les motifs de votre haine contre Armand ?

HONORÉ.

Quoi ! il est votre amant, et vous osez… ?

ÉLISE.

Arrêtez-vous ici, monsieur, vous devriez être le premier à me défendre et le dernier à me trouver coupable. Si j’avais été faible comme vous, je ne serais pas venue vous en faire l’aveu ce matin. Heureuse dans ma passion, je n’aurais rien négligé pour prolonger une situation qui me mettait à même de la satisfaire. J’ai agi au rebours, en acceptant la lutte avec courage. N’ayant plus l’illusion de votre amour, j’ai eu la loyauté de recourir à votre aide. Je voulais sauver votre honneur, et c’est vous maintenant qui, par votre sot orgueil, allez le perdre.

HONORÉ, précipitamment.

Que voulez-vous dire ?

ÉLISE.

Je veux dire que par ce duel vous signez votre déshonneur. Quelle qu’en soit l’issue, il sera demain l’objet de toutes les conversations de Paris, et la cause qu’on lui prêtera n’est pas douteuse.

HONORÉ.

Il me faut donc supporter… ?