Aller au contenu

Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ÉLISE, avec dignité.

Quoi ? Vous seriez bien embarrassé de le dire ; mais, si vous aviez quelque sincérité, vous avoueriez que vous êtes profondément blessé dans votre vanité. L’idée d’une rivalité vous est insupportable. Il vous était doux de penser qu’infidèle, je continuais de vous aimer comme par le passé. Votre triomphe se complétait par la douleur de la victime. Mais mon indifférence vous a jeté dans un dépit voisin de la fureur.

HONORÉ.

Madame !

ÉLISE.

En obéissant à un mouvement de colère et d’amour-propre froissé, vous avez commis une maladresse que je vais essayer de réparer. D’ailleurs, ce matin, je vous ai fait une promesse, et je veux la tenir.

HONORÉ.

Il s’est passé tant de choses depuis quelques heures, que je n’en ai plus le souvenir.

ÉLISE.

Je m’étais engagée à lutter tant qu’il me resterait des forces.

HONORÉ.

Eh bien ?

ÉLISE.

Eh bien ? j’en ai juste assez pour partir.

HONORÉ.

Partir ! comment ?

ÉLISE.

Ne voyez-vous pas qu’il me faut tout mon courage pour prendre une semblable résolution. Pourtant je n’hésite pas. Un heureux hasard nous permet d’expliquer naturellement ce départ. Cette mission que veut vous confier le ministre, vous