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déclaré lui-même l’élu que nous croyons chaque être destiné à recevoir en lui cette étincelle de l’âme du Christ que l’on ne reconnaît qu’à quelques-uns ; et c’est cette étincelle qui, rayonnent de chaque être, dissipera, par l’unité de sa chaleur et de sa lumière, les ténèbres accumulées sur le monde.

Ces propositions seront reprises et discutées en leur temps ; nous essaierons de dire comment, à la virginité se rattachent la transformation de l’humanité, celle du monde, le règne de la justice et de la vérité. Nous dirons aussi comment les affections, sans être exclusivement spirituelles, se purifieront dans des rapports d’égalité, se rattacheront à Dieu et permettront à chacun, comme dit l’apôtre saint Paul, d’être tout à tous.

 »  Ève. »

Préoccupée, en ce moment, d’une question relative à l’organisation du travail, nous ne pouvons entrer d’une manière approfondie dans la discussion des propositions qui sont énoncées dans cette lettre. Cependant nous avons été frappée de cette remarque : C’est au nom de ses fonctions d’épouse et de mère que l’on se croit en droit de renfermer la femme dans le cercle du foyer domestique, de comprimer son cœur et son intelligence, et de l’exclure de toute participation aux affaires publiques.

S’il faut, en effet, que ce titre d’épouse et de mère soit un motif d’exclusion et un stigmate d’indignité civile et politique, l’on ne peut trouver étrange que la femme se réfugie dans le sentiment chrétien, et que, voyant la dignité humaine outragée en elle, elle veuille dépouiller la nature humaine et se revêtir de la nature angélique, pour s’affranchir de la brutale domination de l’homme et d’une humiliante servitude.

C’est un élan sublime vers le ciel pour échapper à l’esclavage.

La femme a été jusqu’à présent, relativement à l’homme, ce que sont les prolétaires relativement aux privilégiés.

Les philosophes païens ne pouvaient croire qu’il fût possible de