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Dans les sillons remplis du grain des gerbes d’or
Les races à venir pourront glaner encor :
Car Dieu ne voudrait pas que l’ivraie inutile
S’étendît sur le champ qu’il a rendu fertile…
Ce docile instrument de desseins ignorés,
Ce vieillard qui suivait les sentiers préparés
Et croyait ne devoir sa splendeur qu’au prophète
Quand d’un pouvoir plus grand il était l’interprète,
Ébloui du rayon que naguère a laissé
Le soleil d’Occident sur l’Égypte abaissé,
Admire par instinct cette clarté magique.
Il parle, et secondant sa pensée énergique,
De studieux enfans, par nos leçons formés,
Aux bienfaits du travail long-temps accoutumés,
Inoculent nos arts, nos mœurs à leur patrie,
Et transportent la France aux murs d’Alexandrie.
Le soldat obéit et règle enfin son pas :
Il sait même, immobile, attendre le trépas ;
Le désert s’est peuplé ; les accords des fanfares
Succèdent aux clameurs de milices barbares ;
Voyez à l’horizon les mâts de ces vaisseaux
Que l’on croirait sortis de l’abîme des eaux,
Voyez vers le Delta cette flotte qui brise