longtemps suspendu notre attention, comme si nous eussions voulu discerner ce qu’ils avaient pu mêler d’eux-mêmes à l’âme de leur fils. D’un côté nous apparaissait un soldat brave et doux, humain au milieu des plus dures exigences de la guerre, — et de quelle guerre ! fidèle jusqu’à l’abnégation à la religion du serment, un héros avec un cœur féminin ! De l’autre, une jeune femme grave, austère, résolue, et en même temps d’une imagination romanesque et parfois exaltée, presque un homme pour diriger ses enfants dans la vie, presque un poëte pour les diriger vers l’art. Peut-on nier que Victor, comme dit l’auteur de ce livre avec l’accent d’une affection qui se sent des droits, comme disait la phalange juvénile de 1830 avec la familiarité de l’enthousiasme, ne tienne à la fois de ses parents, tous deux d’une originalité si vivace ? Le père semble lui avoir communiqué son intrépidité chevaleresque, sa loyauté qui se hausse aisément au sacrifice, et en même temps sa douceur d’enfant et son universelle pitié. Vaillance, générosité, tendresse, voilà l’élé" ment paternel dans cette âme de Victor Hugo. C’est une âme vaillante qui, la première, a lancé à l’art établi l’audacieux défi de la préface de Cromwell, qui depuis a supporté sans fléchir pour toutes ses œuvres dramatiques le triple assaut de la sottise, de l’ignorance et de l’envie, et qui enfin a su faire le suprême sacrifice à sa suprême conviction. C’est une âme généreuse, qui s’est éprise avec une effusion sacerdotale des laideurs, des infirmités et des misères, et qui, prolongeant sa pitié virgilienne des hommes gémissants aux animaux
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