Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/190

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surprend. Tandis que le général Hugo, en 1814 et en 181 S, oublieux de sa longue disgrâce, couronnait sa vie héroïque par la belle défense de Thionville, Mme Hugo, « Vendéenne » au fond de l’âme, faisait partager à ses enfants la joie du retour des Bourbons et son royalisme exalté. Après la chute de l’Empire, le général, de retour à Paris, mit ses deux jeunes fils à la pension Cordier, pour s’y préparer à l’École polytechnique. Victor comprenait les mathématiques, mais ne les goûtait qu’à moitié. La vocation du poëte avait éclaté. Il jetait sur le papier des vers de toute sorte, faibles, indécis, d’une certaine adresse déjà, mais dans le moule pseudo-classique. Mettons à part une remarquable ébauche de drame transcrite dans ce volume, Inès de Castro. Elle suffirait à faire pressentir le théâtre de Victor Hugo. Toujours sur les bancs, il concourut à l’Académie française pour le prix de vers, et ce fut au milieu d’une partie de barres qu’il reçut la nouvelle d’une mention obtenue. Timide, il se décida à grand’peine à aller remercier ses juges. Raynouard l’accueillit avec une brusquerie pédante, François de Neufchâteau avec une bienveillance protectrice.

Casimir Delavigne avait échoué à ce concours. L’accessit avait été remporté par Ch. Loyson, l’un des premiers en date de l’école doctrinaire. Quant au prix, il était partagé par deux lauréats, assez connus pour que leur nom dût se retrouver dans ce livre. L’un était M. Pierre Lebrun, l’auteur du Cid d’Andalousie et du Voyage en Grèce, dépassé sans doute en audace, mais qui lui-même avait de beaucoup dépassé tous les