Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/236

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ces fantaisies anacréontiques d’une érudition rhythmée visant à des effets comiques, assez voisine des fameuses harangues de Tholomyes et de Gillenormand, et qui ne laisse pas de produire certaine fatigue. J’y ajoute aussi les curiosités parisiennes et les marivaudages de la toilette. A quelques exceptions près, ce n’est pas dans cet ordre de sujets que l’on irait chercher les perfections du volume. Je ne puis croire que Victor Hugo ait élargi son inspiration, étendu son domaine, en paraphrasant, dans Paupertas, le Grenier de Béranger, en soufflant, comme Hégésippe Moreau, la « chandelle » d’une Lisette quelconque, en allant chercher au bois de Meudon le sentier battu par Henri Murger. Il me semble avoir perdu un temps précieux pour nos descendants à exécuter des variations sur des thèmes traités à souhait par les poëtes des dernières années. Hugo règne sur plusieurs univers : nos maîtres récents et nos émules mêmes ont à eux un monde qu’ils se sont créé sur un fraisier, comme on disait de Bernardin, mais un monde qui leur appartient et qu’il serait opportun de leur réserver. Certes, dans ses excursions en Bohême, Hugo dépense beaucoup de malice et de verve à surprendre jes manéges des hétaïres de 1865, et pourtant il ne nous en donne pas l’expression fidèle, le relief frappant ; de même, toute la grâce qui se joue dans le Dizain de femmes n’atteint pas cette souplesse avec laquelle Gautier et Banville manient les étoffes, les bijoux, les dentelles, tout le frou-frou féminin.

Désavantage évident pour le maître et naturel si l’on songe que la pensée de Victor Hugo est destinée à