la tête aux prêtres constitutionnels, qu’on mettait en croix, qu’on enterrait vifs les patriotes, circulait, comme le branle de ces Saturnales, la ronde que Mercier compare à la danse d’Holbein, sacrilége et lubrique, le bal à la victime !
A Paris, quelle était la situation ? D’un côté, le peuple découragé, la tête courbée soiis le poids de la misère et de la famine. De l’autre côté, la jeunesse dorée de Fréron, l’avant-garde des royalistes. Et qu’est cette jeunesse dorée, sinon la race éternelle des libertins et des inutiles ? Ce sont ces mêmes damerets qui, dans l’année terrible, se cachaient pour se dérober à la défense de la patrie. Ils se retrouvent prêts à la réquisition du guet-apens et de la violence.
« Une armée de muscadins tenait les rues, gardait « les boulevards, chassant à coups de canne les Jaco
« bins hors des jardins publics Les muscadins se
« mettaient vingt contre un, assommaient les hommes, « battaient les femmes, non-seulement au Palais-Royal, « à Coblentz, mais dans la Convention même, dans les « tribunes. »
Et quels tristes héros que ces muscadins ! Voici comment ils étaient jugés par un des Girondins fidèles à la tradition républicaine :
« Qu’est-ce qu’un collet noir (1) ? J’en distingue de « trois sortes : les émigrés, les poltrons fugitifs de nos « armées ou soustraits à la réquisition à force d’or et « de bassesses ; vient ensuite ce vil troupeau de petits
(1) On appelait ainsi les muscadins, du signe de ralliement qu’ils avaient adopté.