Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« maîtres énervés, espèce d’hommes occupés d’une « parure élégante et ridicule, qu’un coup de tambour « métamorphose en femmes. »

Observez que ces assommeurs du boulevard, qui s’attaquaient de préférence aux soldats isolés, aux légionnaires de Sambre-et-Meuse, appartenaient au parti constitutionnel ; que leurs chefs, leurs orateurs, bientôt leurs représentants, sont les anciens Feuillants. Jugez du train qu’avait pris la réaction.

Ajoutez l’agiotage dévorant, les accaparements meurtriers, et vous aurez le tableau de Paris sous le gouvernement thermidorien, un tableau que M. Claretie a peint avec une vivacité et une précision de touche qui nous reposent des exubérances de couleurs à la Carlyle. M. Claretie a le véritable éclat, la netteté, le mouvement, la chaleur : il ne flatte l’imagination qu’après avoir ému la sensibilité. C’est ainsi que le faubourg Saint-Antoine, la rue de Lappe (p. 63), sont, à notre avis, parfaitement décrits. Car, en même temps que la physionomie du rude faubourg est saisie, son âme laborieuse et forte est comprise.

Après avoir exposé, l’auteur discute. Il s’est convaincu de l’impuissance attachée à la politique des thermidoriens dominants, convaincu de l’utilité de la résistance qu’opposaient aux maîtres du jour les derniers Montagnards. Ceux-ci, pendant que Treilhard, Delmas, Bréard, Dubois-Crancé, Isabeau et tant d’autres, venaient de passer à droite, immobiles à la crête, s’obstinaient à refuser les concessions dangereuses, à faire échec aux tentatives de réaction. Beaucoup