Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/56

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« Le café chantant, les petits journaux, les exhibitions, à la bonne heure ! » Voilà où nous mène l’ascendant des Ignorants de Lettres. Et que leurs coryphées, « bergers de ce troupeau », ne viennent pas nous parler d’intolérance académique ou de pédantisme. Certes nul n’est plus intolérant que celui qui décrète la suppression de tous les chefs d’œuvre antérieurs à notre époque ; nul n’est plus pédant que celui qui tient registre de toutes ses allées et venues et ne nous fait grâce d’aucun des mouvements de son corps ; nul n’est plus despote que celui qui veut arracher du cœur de l’homme l’enthousiasme du beau et la reconnaissance envers le Génie.

Quand on a lu les pages merveilleuses de Quinet sur le Panthéon, de ces pages qui réconcilient avec la sérénité et l’espérance, ravivent l’enthousiasme et compriment le découragé que tout homme moderne recèle en lui, on tombe sur un article de nos plus fameux ignorants, où sont traitées d’absurde idolâtrie la grande pensée de nos pères, de cérémonie ridicule la éte civique où tout un peuple électrisé se précipita à la suite du convoi de Mirabeau. Ici, les grands citoyens sont bafoués. Ailleurs, sous la plume d’un autre ignare, c’est « le préjugé de la patrie » que l’on conspue. Qu’espérer de générations qui seraient élevées par de tels maîtres ? Plus de respect pour les grands hommes, plus de dévouement à la patrie. Supputez les conséquences d’un tel enseignement : un peuple qui ne croit à rien, qui, se défiant de tous les appels à l’héroïsme, est prêt à accepter tous les compromis égoïstes, qui