mêlé au penchant le plus raisonnable pour l’innovation conquérante.
Le livre s’ouvre comme un musée aux premières ébauches de la poésie gallo-latine, et voici que, présentés dans d’excellentes notices par les plus beaux esprits de notre temps, se succèdent devant nous ces coureurs qui n’ont pas laissé un ténébreux intervalle dans la transmission de l’immortel flambeau. Pas une heure où la Muse n’ait eu son soldat prédestiné, son prêtre armé par la vocation, son confesseur ou son martyr. Les premiers, d’une voix rude et incertaine, trouvères et troubadours, proclament leur foi dans un balbutiement enfantin. Puis, cette langue embarrassée se délie ; d’un timbre plus net et plus mordant, les chantres du Renard et de la Rose et les mille auteurs de fabliaux font entendre au vieux monde féodal la sonnerie moqueuse du monde bourgeois qui s’éveille.
Le XIVe siècle amène avec lui de bien piètres rimeurs. Mais patience ! voici que tantôt d’une taverne enfumée, tantôt du pied d’un gibet, s’élève une voix railleuse et désespérée. Poignante comme un cri de misère, fantasque comme une ronde de zingari, quelle est cette poésie dont Musset et Henri Heine ne désavoueraient pas les strophes tristes et folles ? C’est la tienne, pauvre François Villon, truand croisé de larron, maigre habitant des sept châteaux de Bohême, sujet du roi de Thunes, dont la muse, prodigue de pourpre envers ses élus, a fait un roi pour l’éternité. A quelque distance, un prince qui n’a pas attendu les