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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/118

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parti calviniste, la puissante abbaye que de saints religieux avaient fini par fonder à Sarrance n’apprit que trop alors jusqu’où peut aller le vandalisme des passions déchaînées. Crucifix d’or, calices et encensoirs de vermeil, coffrets d’ivoire, chapes brodées, étoles resplendissantes, tapisseries toutes chargées des images de la Bible, autels ornés de sculptures et d’incrustations…, tout fut détruit, renversé, anéanti par des mains violentes et criminelles, mille fois plus impitoyables que celles des sauvages compagnons d’Attila, le plus affreux de tous les hommes. Ceux qui résistaient, ceux qui fuyaient, ceux mêmes qui priaient au pied des autels, tout fut enveloppé dans la même mort. Si bien que le Gave en prit la couleur du sang ! Seul, l’abbé de Capdequi parvint à passer en Espagne, où le duc de Medina-Cœli lui offrit une généreuse hospitalité. Il y resta tant que vécut la reine Jeanne. Rentré en France à la mort de cette princesse, il se souvint des paroles du prophète : Major erit gloria domus istius novissimœ plus quam primœ, et s’occupa de relever au plus tôt la chapelle détruite. Seulement, au lieu de celle aux grandioses et fières proportions que les huguenots avaient renversée, il fit construire l’humble et modeste sanctuaire où Notre-Dame reçoit aujourd’hui encore le touchant hommage qui plaît seul à son cœur ; de